Oui oui c’est un peu prétentieux comme titre, mais vraiment on a passé des aubes splendides dans l’est de Java, à marcher sous les étoiles pour accueillir le soleil depuis des volcans du début des temps...

On a quitté Yogya et la ville en train, grand luxe que de pouvoir éviter pendant quelques heures la folle conduite des indonésiens ! Je ne crois pas avoir encore vraiment parlé de la conduite ici, on pourrait presque y dédier un article (je vais me contenter d’un paragraphe rassurez-vous). Pour commencer on roule à gauche, ce qui vous en conviendrez est déjà un peu suspect, et puis on communique avec le klaxon, pour dire "je passe" ou "salut" ou encore "merci".. bref au final on ne sait plus quoi penser quand on entend klaxonner. Et c’est aussi le code pour dépasser bien sûr. Les fameux dépassements à l’indonésienne, tout un poème.. il faut se figurer qu’il n’y a que très rarement une seconde file, et que motos et véhicules en tous genres et surtout à vitesses très variables se partagent la route (avec les nids de poules et les poules elles-mêmes). Il y a toujours quelque chose à dépasser, alors pourquoi attendre qu’il n’y ait personne en face pour le faire ? Toujours un style décontracté, c’est la base, côté conducteur, et un peu stressé côté franco-slovaque, enfin surtout au début, des dizaines d’heures de route dans les pattes nous ont permis de perfectionner un stoïque détachement relevé d’une pointe de fatalisme.

Marrant que je parle de ça pour une fois qu’on prend le train ! Enfin après il faut bien remonter un peu en voiture...

Alors, tous ces risques (presque) insensés pour quoi ? Atteindre à nouveau des volcans, qui décidément sont aussi nombreux en Indonésie que nos cathédrales, et tout aussi majestueux.

Le Bromo et ses acolytes sous la lune, au lever du soleil, dans la brume, à la nuit tombée.. nous ont offert un des plus beaux spectacles que j’ai jamais vus, et à Rado le plus magique des cadeaux d’anniversaire...

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Le spectacle est si beau qu’il nous fait lever deux jours de suite à 3h du matin, sans râler s’il vous plaît ! Et pour ne rien gâcher, on s’offre même un rapt de solides petits chevaux pour se balader tous les deux au fond de la caldeira.

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Et on recommence ensuite avec le volcan Ijen, encore plus à l’est, qui contient dans son cratère un superbe lac vert, le plus acide du monde paraît-il.

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Et au fond duquel s’escriment des hommes qui y cueillent le soufre toutes les nuits, comme des mineurs. Nous sommes descendus avec l’un d’entre eux au plus proche de la "carrière" de soufre d’où s’échappent des vapeurs presque irrespirables. Pas d’inquiétude en ce qui nous concerne, on avait des foulards pour se couvrir la bouche, et devant notre hésitation à descendre au plus près, on m’a même prêté un masque à gaz. Et oui, tout peut arriver...

Quel spectacle à la fois fascinant et tragique ! Tragique car ils y laissent leur santé, ces hommes qui remontent en moyenne deux fois par jour 60 à 70 kg de soufre sur leurs épaules, après l’avoir extrait dans le cratère, avec ou sans masque. C’est un métier des plus rudes, qui leur permet pourtant de gagner deux fois plus que le salaire moyen, et ils sont fiers de ce labeur. On croise des porteurs plus âgés, qui vont bien plus lentement et multiplient les pauses pour souffler. On aurait envie de les aider en soulevant à notre tour ces paniers, mais on en est bien incapables...

On est fascinés aussi par cet entêtement de l’humain, cette capacité à endurer de tels efforts, cette volonté de descendre dans le cratère toutes les nuits. Tous sont indépendants, aucune industrie n’organise ce travail harassant, si ce n’est celles qui achètent ce soufre pour différents usages, cosmétiques notamment. Soufre de souffrance...

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Et nous là-dedans on se sent des étranges témoins, acceptés par ces hommes avec qui on échange quelques mots et quelques sourires, et j’ai l’impression qu’ils sont fiers qu’on vienne de si loin, et que l’Ijen est un peu comme leur domaine dans lequel ils acceptent qu’on entre pour un instant.

On en sort imperceptiblement changés, de ces longues matinées dans les volcans...

On n’a plus qu’à aller se reposer un peu le coeur et les yeux à Bali maintenant...

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Les plus beaux matins du monde

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